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🌍 RĂ©flĂ©chir Ă  l’organisation des Ă©quipes tech : un instant pour mĂ©diter nos modĂšles

Il y a des moments oĂč il faut s’arrĂȘter. Observer comment on travaille. Comprendre ce qui relie nos Ă©quipes, nos produits, nos façons de faire. Dans la tech, on court souvent derriĂšre la livraison, la roadmap, la dette technique — et on oublie parfois que l’organisation elle-mĂȘme est un systĂšme vivant, avec ses Ă©quilibres, ses tensions, sa culture.

Ces derniĂšres annĂ©es, j’ai pris le temps d’observer diffĂ©rents modĂšles d’entreprises technologiques, de Spotify Ă  GitLab, en passant par des scale-ups europĂ©ennes en pleine transformation. Et Ă  chaque fois, la mĂȘme question revient :

Comment garder l’agilitĂ© et l’enthousiasme du dĂ©part, sans perdre la cohĂ©rence et la qualitĂ© Ă  mesure que tout grandit ?

Ce texte n’est pas un manifeste. C’est plutĂŽt une mĂ©ditation sur nos maniĂšres de nous organiser, et sur ce qu’elles disent de notre rapport au collectif.


🎧 Spotify – la symphonie des squads

Spotify a profondĂ©ment marquĂ© notre façon de penser l’organisation agile. Son modĂšle — Squads, Tribes, Chapters, Guilds — est devenu une rĂ©fĂ©rence mondiale. Une belle idĂ©e : redonner du sens Ă  l’équipe comme unitĂ© fondamentale, la rendre autonome, responsable, libre de ses mĂ©thodes, tout en gardant un alignement global grĂące aux tribus et aux guildes.

Dans sa forme la plus pure, ce modÚle incarne une conviction que je partage profondément :

L’efficacitĂ© naĂźt quand la responsabilitĂ© et la confiance se rencontrent.

Mais l’histoire de Spotify montre aussi les limites de l’exercice. À grande Ă©chelle, l’autonomie peut tourner Ă  la fragmentation. Les dĂ©pendances se multiplient, les visions se diluent, et le besoin d’un cadre ressurgit.

Cela ne remet pas en cause la beautĂ© du modĂšle ; cela rappelle simplement que l’organisation doit ĂȘtre organique. Elle doit respirer, s’adapter, se rĂ©gĂ©nĂ©rer. Une Ă©quipe ne reste pas performante par structure — elle le devient par contexte, sens et Ă©coute.


đŸ§± Les plateformes – construire pour durer

À l’autre extrĂ©mitĂ© du spectre, on trouve les organisations dites “platform teams” — inspirĂ©es du cadre Team Topologies. Ici, l’objectif n’est plus seulement de donner de l’autonomie, mais de crĂ©er des fondations communes : des outils, des API, une infrastructure, un “golden path” sur lequel les Ă©quipes peuvent s’appuyer.

C’est un modĂšle que j’aime pour sa discipline technique et son respect du craft. Il traduit une maturitĂ© : celle d’une entreprise qui ne veut pas seulement aller vite, mais aller vite bien.

Mais lĂ  encore, la question humaine est centrale. Une plateforme n’a de valeur que si elle est pensĂ©e comme un service rendu aux autres Ă©quipes, pas comme un centre de pouvoir. On y retrouve cette idĂ©e que j’essaie toujours de transmettre :

“Servir, ce n’est pas obĂ©ir — c’est crĂ©er les conditions pour que les autres rĂ©ussissent.”

Quand une Ă©quipe plateforme joue pleinement ce rĂŽle, elle devient un multiplicateur. Elle ne fait pas “plus de tech” : elle rend la tech plus fluide, plus cohĂ©rente, plus belle.


🧭 Entre structure et sens

Ce que ces modĂšles nous enseignent, c’est qu’il n’existe pas de bonne forme d’organisation universelle. Il n’y a que des contextes, des moments, des Ă©quilibres Ă  trouver.

Les startups grandissent dans le chaos, les scale-ups cherchent la stabilitĂ©, les grandes entreprises redĂ©couvrent l’agilitĂ© — et toutes se heurtent Ă  la mĂȘme tension : comment rester humaines dans la complexitĂ©.

Je crois profondĂ©ment que l’organisation n’est pas une question de schĂ©ma, mais de posture. Une posture d’écoute, de rigueur et de bienveillance. Ce qui fait la force d’une Ă©quipe, ce n’est pas la structure, c’est la qualitĂ© des liens qui la traversent. C’est la confiance implicite qui permet de se dire les choses. C’est la clartĂ© du “pourquoi” avant la rigiditĂ© du “comment”.


đŸŒ± Ma conviction

Chaque modĂšle — qu’il soit Spotify, plateforme, ou plus hiĂ©rarchique — a ses vertus et ses piĂšges. Mais tous Ă©chouent s’ils oublient une chose essentielle : le collectif n’est pas un organigramme, c’est une dynamique.

On ne scale pas une entreprise avec des slides, mais avec des personnes qui comprennent ce qu’elles construisent ensemble. Et c’est lĂ  que le rĂŽle d’une ingĂ©nierie moderne prend tout son sens : crĂ©er les conditions oĂč la technique et l’humain peuvent cohabiter harmonieusement.

Alors, plutÎt que de copier un modÚle, je préfÚre poser la question suivante :

Que voulons-nous prĂ©server en grandissant ? Qu’est-ce qu’on ne veut pas perdre de vue ?

Parce que la vraie organisation, c’est celle qui sert le sens — pas celle qui l’emprisonne.


Souvent, j’en reviens Ă  une idĂ©e simple :

une Ă©quipe efficace n’est pas celle qui fait le plus vite, mais celle qui comprend pourquoi elle fait.

Et c’est peut-ĂȘtre ça, le modĂšle le plus durable.